Généalogie de poche du Roi suprême « Un coup de dés

Un coup de dés

Généalogie de poche du Roi suprême

A Colomiers dans l’agglomération toulousaine, Le Pavillon Blanc accueille dans une architecture de Rudy Ricciotti, la médiathèque et le centre d’art de la ville. Ce lieu a fait de la rencontre entre l’image et l’écriture le creuset de son identité culturelle. Le récit, la fiction, le design graphique ou encore la bande dessinée y croisent les chemins de l’art. Le Pavillon Blanc a ainsi invité l’écrivain Philippe Vasset à écrire une fiction autour de l’œuvre de David B., dessinateur et auteur de bande dessinée exposé du 26 septembre 2015 au 2 janvier 2016. This text was featured in an edition published by L’Association: "Portraits de mon frère et du roi du monde" [Portraits of My Brother and the King of the World] while the drawing will be shown at Anne Barrault art gallery in Paris in January 2017.

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Sur les 72 dessins réalisés par David B, le Roi du Monde est un tarot, une rune, un chiffre. Un signe au référent fuyant, le masque d’un visage qui se dérobe.

 

Mais le Roi du Monde n’est pas seulement une image. C’est également un homme, que certains ont rencontré. L’un de ces élus, resté anonyme, a fait à la fin du 19ème siècle des confidences à Joseph Alexandre Saint-Yves, officier de marine, exploitant en algues et passionné d’occultisme. Saint-Yves consigna ces révélations dans un petit volume, Mission de l’Europe en Asie. Il y raconte, entre autre, qu’une société secrète, l’Agarttha, issue de l’antique empire de Ram, vivrait disséminée à travers le monde, dans de profondes cavernes. A la tête de cette mystérieuse alliance, un homme, le Brahâtmâ, « support des âmes dans l’Esprit de Dieu », serait détenteur d’un savoir ésotérique primordial. « Lors des cérémonies », poursuit Saint-Yves, le Brahâtmâ est « monté sur un éléphant blanc. Depuis sa tiare jusqu’à ses pieds, il ruisselle d’une lumière éblouissante qui aveugle tout regard. Sur sa poitrine le rational flamboie de tous les feux des pierres symboliques, consacrées aux célestes Intelligences zodiacales, et le Pontife peut à volonté renouveler le prodige d’allumer spontanément la flamme sacrée sur l’autel, comme Aaron et ses successeurs. Sa tiare aux sept couronnes surmontée de saints hiéroglyphes exprime les sept degrés de la descente et de la réascension des âmes à travers ces Splendeurs divines que les Kabbalistes nomment les Séphyroths ».

Grâce à son précieux informateur, Saint-Yves a percé cet écran flamboyant, et donne un portrait en pieds du personnage : « Ascétique, son corps aux attaches élégantes est solidement musclé. Au haut de son bras se détachent trois minces bandelettes symboliques. Et au-dessus du chapelet et de l’écharpe blanche qui retombe de ses épaules sur ses genoux, se dessine une tête des plus remarquablement caractéristiques. Les traits sont d’une extrême finesse. Quoique serrée aux dents par l’habitude d’une grande concentration d’intelligence et de volonté, la bouche montre des lèvres bienveillantes, où flotte le rayonnement intérieur d’une inaltérable charité. Le menton est petit, mais assez saillant pour indiquer l’énergie, que confirme le nez aquilin. Des lunettes laissent entrevoir des yeux bien dessinés, fixes et profonds, autant que bons. Mais ces dernières, qui durcissent généralement toute physionomie, laissent à celle-ci le caractère d’une grande douceur alliée à une véritable puissance. Le front est énorme, le crâne en partie dégarni. De tout l’ensemble de ce Mage-Pontife se dégage un type absolument hors ligne ».

 

Cette étonnante description, il faut descendre dans les sous-sols de la Bibliothèque nationale de France pour la lire. Car à peine imprimés, les exemplaires de Mission de l’Europe en Asie furent presque tous détruits, leur auteur s’étant effrayé des conséquences de ses révélations. A sa mort en 1909, Saint-Yves légua toutes ses notes à l’ésotériste René Guénon qui, méfiant des sources de l’aventurier, n’en fit rien. Pendant près de quinze ans, les cahiers de Saint-Yves prirent donc la poussière sur une étagère.

 

Ce qui secoua Guénon de son hébétude fut la parution, en 1924, d’un autre livre : Bêtes, hommes et Dieu, du polonais Ferdynand Ossendowski. Encore un aventurier : géologue et chimiste, Ossendowski était professeur à Omsk quand Lénine et les soviets prirent le pouvoir à Moscou. Lié aux groupes tsaristes qui combattaient les bolcheviks, Ossendowski dût s’enfuir au plus vite, et choisit de gagner l’Inde britannique en coupant à travers la Mongolie et le Tibet. Au cours de son périple, il recueillit des témoignages en tout point identiques aux histoires de par Saint-Yves : une société secrète, l’Aghartta, cachée dans des tunnels creusés à travers le monde, serait détentrices de mystères cosmiques. Leur chef, invisible et mystérieux, serait le « Roi du Monde » (c’est Ossendowski qui, le premier, use le terme). Fort des occurrences entre les deux témoignages, Guénon consacrera en 1927 une petite étude sur le sujet. Mais attention ! Guénon se veut un intellectuel : hors de question pour lui d’accorder le moindre crédit à une quelconque personnification du Roi du Monde. Une telle figure, selon lui, n’existe tout simplement pas : il s’agirait seulement d’un symbole, celui d’un législateur primordial et suprême, dont il retrace l’histoire au travers des mythologies anciennes.

 

Mais cette approche purement conceptuelle est loin de faire l’unanimité. M’ayant observé, jour après jours, commander les textes de Saint-Yves, puis ceux d’Ossendowski et enfin ceux de Guénon aux magasiniers de la Bibliothèque nationale, un petit homme replet vint m’aborder à la machine à café de l’institution. Il s’excusa de son indiscrétion mais n’avait pu s’empêcher de remarquer que je consultais des livres très rares, et passionnants… J’acquiesçais prudemment, manœuvrant ma touillette dans le gobelet fumant délivré par la machine : je crains plus que tous les occultistes amateurs et leur verbiage insupportable. Mais le petit personnage était différent : il resta à deviser, m’apprenant, entre autres, qu’Ossendowski avait croisé la route zigzagante d’Ungern-Sternberg, le « Baron Noir » qui avait rêvé de régner sur la steppe et dont Hugo Pratt faisait, dans Corto en Sibérie, un portrait si saisissant. La conversation était lente, et agréable. Mon interlocuteur ressemblait à un personnage de Cluedo : il portait une veste pied-de-poule sur un gilet boutonné et avait le visage mangé de favoris blancs. Nous devisions en regardant le soir tomber sur l’inaccessible jardin au cœur de la bibliothèque. Je n’avais plus très envie de regagner ma place, et aurait bien bu autre chose que du café industriel. Mon Colonel Moutarde ne demandait pas mieux, « mais pas ici : là-haut, sur la dalle, il n’y a rien. Il faut traverser le fleuve : laissez-moi vous conduire ».

 

Nous prîmes les escaliers mécaniques jusqu’à la dalle qui ferme, comme un couvercle, les salles de lectures publiques. Les arbres du jardin affleuraient à hauteur du parvis. Au-dessus de leurs cimes tournaient des poignées d’oiseaux noirs qui, régulièrement, piquaient dans la fosse de verdure en poussant des cris stridents. Mon compagnon m’indiqua d’un geste la passerelle Simone de Beauvoir, jetée par-dessus la Seine. Nous la franchîmes en silence, luttant contre le vent glacial qui balayait le fleuve. De l’autre côté, c’était les anciens chais de Bercy. Mon guide connaissait son affaire, tournant à droite et à gauche jusqu’à arriver devant un petit débit de boisson niché dans une ancienne cave à vin. Les murs étaient lambrissés de planches de tonneaux et, bravant l’interdiction municipale, un feu flambait dans la cheminée. C’était étroit, chaud et rougeoyant : une vraie bénédiction après les pointes de glaces du vent. On commanda un pichet, but le premier verre sans dire grand-chose. Puis il revint à la charge : alors, qu’est ce qui pouvait m’intéresser, dans ces vieilles histoires ? Je lui expliquais que j’écrivais un texte sur une série de portraits exécutés par le dessinateur David B. Je sortis une chemise de mon sac, produisis quelques reproductions des pièces. Il les examina avec attention, pointant des occurrences, des détails, qui lui plaisaient. « La série s’appelle Portraits du Roi du Monde » concluais-je : « voilà, vous savez tout ». Pourquoi ce titre, m’interrogea-t-il ? Je lui livrais ma théorie, celle que je comptais développer dans le texte : exécuter ces dessins avait constitué pour David B. une sorte de cérémonial, une tentative de mettre à nu une entité mystérieuse et protéiforme dont, un à un, il avait arraché les masques. « Le 72ème et dernier portait est donc celui du Roi ? » « C’est ce que je pense. La représentation est psychique, bien sûr, mais c’est bien lui. Voyez ce visage sans traits, brouillé d’avatars et cette paire de lunettes, placée non sur les yeux, absents, mais sur le front, siège de la connaissance. Le Roi du Monde n’a pas de figure, ce pourrait être n’importe qui. Ce qui le distingue n’est pas visible : seuls les initiés peuvent le reconnaître. Les autres demeurent aveugles ».

L’assaut de questions cessa. On n’entendait plus que le crépitement du bois, et les conversations étouffées des tables voisines. Je finis mon verre, fis mine de me lever : une main potelée, grêlée de taches blondes, se posa sur mon avant-bras. « Restez donc. Elle est fort bien raisonnée, votre affaire ». Qu’en savait-il ? Ses mystères et ses airs patelins commençaient à me lasser. Il sourit, ce qui ne fit que m’exaspérer davantage. « Calmez-vous donc et reprenez du vin. Vous pensez juste, mais vous ne voyez rien. Pour vous, tout ceci n’est qu’une histoire : du folklore. Pour moi, c’est bien autre chose ». Quoi donc ? Il y croyait, au Roi du Monde ? Il l’avait rencontré ? « Nous poursuivrons cette conversation plus tard, vous êtes trop agité. Venez donc demain, vers sept heures, au Bonaparte. C’est un café, place Saint-Germain. J’y retrouve des amis. Nous causerons ». Il sortit son portefeuille – en cuir, ventru -, paya nos consommations et me sortit une carte : Onésime Bougrain, retraité. Figurait une adresse, à Montreuil. Mais qu’est ce que c’était que ce type ? « Pourriez-vous me prêter trois des portraits que vous m’avez montré ? » Il voulait les numéros 13, 18 et 22. Je lui donnais mes pauvres impressions, et il me quitta avec un bon sourire. J’étais un fameux idiot : j’avais un texte à rendre et, au lieu de bosser, voilà que je me laissais séduire par ce dingue. C’est passablement dépité que je rentrais chez moi.

 

N’empêche que le lendemain, j’étais au Bonaparte. Il serait facile de prétendre que j’étais poussé par une force inconnue. La réalité est plus prosaïque : j’avais peiné toute la journée sur mon texte, qui n’avançait pas, et je mourrais d’envie de sortir. Et puis je n’avais jamais vu d’occultistes de près, et ceux-là paraissaient singulièrement inoffensifs. C’est ce dont je me persuadais, en tout cas. A l’heure dite, donc, j’étais place Saint-Germain. Le Bonaparte est sans doute le lieu le moins approprié du monde pour un conseil occulte. C’est bourré de touristes et de joueurs de PMU : on est loin des secrets de l’univers. Onésine, plus colonel Moutarde que jamais, était dans l’arrière salle, entouré d’une dizaine d’individus. Il me salua, désigna une chaise. Je vis qu’il avait placé les trois dessins devant lui, et que ses mains allaient de l’un à l’autre. « Voyez ces trois personnages » disait-il : « c’est comme cela que l’humanité se figure la connaissance. Comme un principe brûlant, illuminant chaque geste. Celui qui sait devrait être cet homme-lumière, au verbe de feu et aux pensées cosmiques. La vérité est toute autre. Savoir n’est pas pouvoir. La vraie connaissance n’existe qu’incarnée ».

Je le laissais discourir et regardais autour de moi : quelques jeunes bien mis, des vieux avec des chaînes de lunettes, deux femmes. L’une d’elles ressemblait à Mademoiselle Rose, un autre personnage du Cluedo, ce qui déclencha chez moi une crise d’hilarité que j’eus le plus grand mal à réprimer. Pourtant je ne partis pas. Comme la conversation de la veille, le verbiage d’Onésine s’avérait étrangement plaisant. Certaines de ses propositions faisaient sens. Je demandais doucement à ma voisine qui il était. « Onésine ? » souffla-t-elle ? « Mais c’est le Patron ! ». Je la remerciais en souriant : voilà une précision qui m’avançait !

Le plus déroutant était que ce Patron s’exprimait comme un acteur des années 50. Son prêche était truffé d’expressions surannées : il disait « dans le baba », « ma pomme » et aussi « il en tient une sévère ! ». C’était dérisoire et touchant, et totalement décalé dans un enseignement mystique. Je me pinçais régulièrement en me demandant où j’étais, mais je ne décollais pas. Personne ne partait, du reste. Le bar se vidait, mais on continuait à nous servir, et Onésine à pérorer. Je m’étonnais de ne pas m’ennuyer. Finalement, à deux heures, le volet tomba, et il fallu vider les lieux. Je repartis avec Onésine : « alors comme ca, vous êtes le Patron ? » lui lançais-je amusé. « C’est tout de même mieux que Roi, non ? » répondit-il du tac au tac. « Ca fait moderne ».

Je crus avoir mal entendu. Maintenant, c’était lui qui riait : « vous comprenez pourquoi je disais hier que vous ne voyiez rien ? Vous étiez là, à théoriser sur un principe, sans voir que le principe, il était devant vous ! » Il était encore plus atteint que j’avais pu le penser. Je voulus néanmoins aller au bout de sa logique : « vous êtes le Roi du Monde, admettons. Mais votre tiare ? Vos diamants ? Votre éléphant ? » Il m’arrêta doucement : n’avais-je pas entendu, tout à l’heure ? La vraie connaissance n’a pas d’attribut. Je l’avais dit moi-même : le Roi du Monde pouvait être n’importe qui.

Mais les tunnels ? Les cavernes ? Les cérémonies ? « Elles existent, soyez sans crainte, même si elles n’ont rien à voir avez l’idée que vous vous en faites ». Si elles sont à Montreuil, on est effectivement loin de l’Himalaya ! Il s’arrêta : « c’est étonnant comme vous raisonnez juste et parlez faux. Vous savez que celui qui connait ne peut rien, pourtant vous continuez comme si vous pensiez le contraire. Le Roi du Monde ne règne pas. Il incarne la connaissance suprême, le Principe. Ce n’est qu’à l’intérieur qu’il est différent. En surface, il est comme vous et moi. En l’occurrence, comme moi ». J’avais l’esprit large, mais pas suffisamment pour accepter un Roi du Monde à Montreuil : pourquoi pas Saint-Chamont ? Et où étaient les gardiens chargés de le défendre ? « Qui a besoin de protection quand ceux-là même qui savent ne veulent pas me reconnaître ? Je suis plus en sécurité qu’aucun de mes prédécesseur n’a jamais été ». Il me prit la main et disparut.

J’ai encore sa carte. Bien sûr, j’ai été vérifier l’adresse. C’est un pavillon coquet, dans une rue anonyme. J’ai voulu sonner, me suis ravisé : à quoi bon, puisque je n’y crois pas ? J’ai tout de même été voir les portraits d’Ossendowski, de Saint-Yves et de Guénon : tout ces aventuriers de l’occulte ont des têtes de collectionneurs de timbres.

Philippe Vasset

 

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EDITO

ORGANISER UN COUP DE DÉS

, and lies listen to,, at the she said as a form of, while he said ? . a , .

 Pour l’édition d’été du magazine uncoupdedés.net, je me suis laissée inspirer par le jeu de dés de Mallarmé afin de m’éloigner d’un texte d’introduction habituel. En allant dans le sens du contenu publié et de l’esprit hétérogène que j’ai rencontré dans le magazine, je me suis limitée à utiliser l’existant (titres et contenus) pour produire une intervention minimale : , and lies listen to,, at the, she said, as a for of, while he said ? . a , . L’économie de mots déploie une dimension visuelle et musicale de l’assemblage, met en lumière l’effort collectif, satisfait à des stratégies magiques, incite à la mémorisation ou, incarne peut-être tout simplement l’acte de base programmé par cette invitation : ORGANISER UN COUP DE DÉS.

Manuela Moscoso

summer_issue

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Architecture fantôme, 2011, Berdaguer & Péjus

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Poinçon, Nicolas Floc’h, exposition à la verrerie de la Rochère, 2012. Production : centre d’art Le Pavé Dans La Mare. Mécénat : verrerie de La Rochère

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Keith Sonnier, Saule pleureur de la série : Blatt, 1999 FNAC 03-044. Dépôt du Cnap - EAC, Donation Albers-Honegger © Yves Chenot pour Adagp

The Innocents © Dora Garcia

Power No Power, by Claudio Zulian, Aulnay-sous-Bois, France, 2013

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La couleur ne brûle pas Elisa Pône & Stéphane Thidet film Super 8 / 2'20 / 2012 co-produit par le Centre d'Art Bastille, Grenoble. Photographie: Stéphane Thidet

vue de l'exposition The Die is Cast, Ryan Gander, 26/06 - 18/10/2009 - J. Brasille/Villa Arson

David Evrard, Spirit of Ecstasy, BLACKJACK éditions et KOMPLOT, 2012

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Alain Bernardini, 'L’origine. Recadrée. Porte-Image, Guillaume, Chantier Giraud BTP, Borderouge Nord, Toulouse 2013', production BBB centre d’art /  commande publique photographique – CNAP

'Bonjour tristesse, désir, ennui, appétit, plaisir' Vue de l’exposition à La Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, Photo © Cédrick Eymenier, 2013

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A PROPOS

Fort de son succès et de sa visibilité, uncoupdedés.net réactive et soumet le contenu existant à de nouvelles voix. En 2014 et 2015, plusieurs personnalités étrangères sont invitées, le temps d’une saison, à devenir nos éditorialistes. Il s’agira pour eux de mettre en perspective l’ensemble des contenus du magazine, et de les redéployer au prisme de leur subjectivité et de leurs propres contextes de travail.

Quatre personnalités reformuleront l’action des centres d’art dont ils auront pu percevoir divers aspects à travers le magazine : Catalina Lozano (Colombie), Zasha Colah (Inde), Moe Satt (Myanmar) et Manuela Moscoso (Brésil) : chaque rédacteur en chef « après coup » livrera ainsi un texte transversal, revisitant de façon originale la géographie résolument mouvante des centres d’art.

uncoupdedés.net réitère le défi à la manière du poème de Mallarmé, relancé par la science du montage cinématographique de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (Toute révolution est un coup de dés, 1977). Les invités, provenant d’horizons multiples, élargiront encore davantage le cercle de la parole. Chorale et fragmentaire, uncoupdedés.net tient autant du puzzle que du memory et en appelle naturellement à tous les redécoupages possibles…

MANUELA MOSCOSO

(Sao Paulo, Brésil)

Commissaire d’exposition basée au Brésil, Manuela Moscoso a notamment été commissaire de la 12ème Biennale de Cuenca, Equateur, de l’exposition Yael Davis au Museo de Arte (Rio de Janeiro, Brésil), Fisicisimos, à l’Université Torcuato di Tella, The Queens Biennale au Queens Museum à New York et Before Everything au CA2M (Madrid). Elle forme, avec Sarah Demeuse, Rivet, une agence curatoriale qui explore les notions de déploiement, circulation, pratique, et résonance. Leur recherche a pris corps à travers plusieurs projets en Espagne, en Norvège, au Liban et aux Etats-Unis. Manuela Moscoso est diplômée du Centre des études curatoriales du Bard College.